Se contenter de jolis mots ?

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Crédit Photo : ©Jean-Louis Fernandez


Critique des Terrains Vagues, écriture et mise en scène de Pauline Haudepin avec Marianne Deshayes, Paul Gaillard, Genséric Coléno-Demeulenaere, Dea Liane et la voix de Jean-François Pauvros


Le conte de Raiponce des frères Grimm est la principale source d’inspiration de la pièce Les Terrains Vagues.

La pièce est l’image d’un terrain vague. Pauline Haudepin voulait faire table rase de tous les enseignements et contraintes qu’elle avait reçus au TNS pour essayer de se re-connecter avec son désir de théâtre antérieur. Un désir non bridé où chacun pourrait s’exprimer et proposer des choses. La salle de théâtre devait ainsi se transformer en un terrain vague créatif : « J’avais envie de rêver chacun de ces personnages pour ces quatre personnes là ».

Pauline Haudepin a voulu écrire une partition sur mesure pour les quatre comédien-nes de sa promotion, un texte où ils pourraient se libérer de leurs envies contenues. Le meilleur exemple de cette volonté libératrice est donné par la performance de Marianne Deshayes (Raiponce), comédienne venue de la gymnastique, dont la metteure en scène tire le meilleur parti en exploitant les nombreuses possibilités de son corps.

La Sorcière du conte de Grimm est devenue Sandman, un homme taciturne à l’identité trouble qui élabore au sous-sol de la tour délabrée une drogue unique transportant son consommateur dans des villes imaginaires. On n’exclut pas l’idée que Sandman et le père de Raiponce ne fassent qu’un. Sandman est le « marchand de sable », le distributeur de rêves. Sa drogue, la raiponce, se prend d’ailleurs par les yeux. Raiponce grandit sous l’aile de Sandman qui l’a élevée dans l’ignorance complète du monde extérieur, en ne laissant dans le dictionnaire que les jolis mots. Elle grandit donc loin de tous les regards entre sommeil, hallucinations et ennui, ne recevant de visites que de Sandman. Lorsque la nuit arrive, ce chimiste se métamorphose en mère et, travesti en femme, monte au dernier étage retrouver Raiponce. Celle-ci se pose de nombreuses questions sur le monde. Elle a envie de découvrir l’extérieur, le monde réel ! Elle essaie de s’émanciper, elle rêve de sortir de sa chambre pour aller à la conquête du monde. Raiponce incarne ainsi de cette curiosité libératrice, cette volonté de découvrir et de ne pas rester dans les cloisons d’un monde connu.

Avec cette deuxième mise en scène, Pauline Haudepin met en place un nouvel univers théâtral, que je suis très curieuse de continuer à suivre.


Informations Pratiques : 

Théâtre de la Cité Internationale
17 boulevard Jourdan
75015 PARIS

du 29 nov au  11 déc 2018, du lundi au samedi, sauf les mercredis. A 19h30 les jeudis et samedis et à 20h30 les lundis, mardis et vendredis.

La joie de vivre


Critique de Désobéir, écrit par Alice Zeniter et Kevin Keiss (d’après une série de témoignages) mise en scène de Julie Berès. Avec Lou-Adriana Bouziouane, Charmine Fariborzi, Hatice Ozer et Séphora Pondi.


Elles sont quatre jeunes femmes à se partager le plateau. Est-ce leur histoire qu’elles nous racontent ? Où se trouve la frontière entre le réel et la fiction ? Telles sont les questions que l’on ne manquera pas de poser après ce magnifique spectacle. En effet, les comédiennes sont tellement justes que l’on pourrait très bien penser que nous sommes devant un spectacle entièrement improvisé, exclusivement mû par l’envie de partager. Mais le surtitrage en anglais (pendant les cinq premières représentations), permet de percevoir leur justesse : ce qu’elles nous racontent est un texte écrit et appris par coeur. Il a donc fallu que Julie Berès (metteure en scène) et Kevin Keiss (dramaturge) trouvent le meilleur moyen possible pour s’effacer en tant qu’auteur-e afin que la voix de chacune des comédiennes puisse être audible en tant que telle.

Julie Berès et ses comédiennes parviennent à sortir du schéma traditionnel de ce que l’on peut appeler le « théâtre témoignage ». Mais il n’en est rien, et le spectacle devient très vite superbement choral et retranscrit avec joie et humour une force de vie qui accompagne chacune de ses femmes ! C’est réellement très beau.

Continuellement dans un rapport frontal face au public, elles n’hésitent pas à nous interpeller, à nous faire participer ! Je vous laisse découvrir. La participation du public est une chose souvent redoutée par les spectateurs aujourd’hui, et assez peu souvent bien réalisée. Rien à redouter ! C’est au contraire un des plus beaux moments de la représentation !

Créé à Aubervilliers dans le cadre des pièces d’actualité, afin de proposer à un ou une artiste de monter, dans l’ancre d’Aubervilliers, un spectacle avec des questions qui peuvent concerner les habitants de la commune.

Mais l’ancrage local n’est qu’un moyen de montrer l’universalité des thèmes traités avec un véritable talent.

Un spectacle féminin, féministe et puissant ! A voir !


Informations Pratiques : 

Théâtre de la Cité Internationale
17 boulevard Jourdan
75015 PARIS

du 13 nov au  8 déc 2018, du mardi au samedi. A 19h les jeudis et samedis et à 20h les mardi et vendredi.

PUIS

2018

du 13 au  21 décembre à La Commune, Centre dramatique national d’Aubervilliers

2019

du 24 > 26 janvier L’Apostrophe, Scène nationale de Cergy-Pontoise
le 8 février : Théâtre Brétigny de Brétigny-sur-Orge
les 8 et 9 mars Maison de la Musique de Nanterre
le 16 mars Théâtre des Bergeries de Noisy-le-Sec
du 19 > 23 mars Théâtre National de Bordeaux Aquitaine 26 mars Le Canal de Redon

du 29 et 30 mars Aire Libre de St Jacques de la Lande 2 avril Théâtre du Champ au Roy de Guingamp

le 5 avril Centre Culturel Jean-Vilar – L’Île-Saint-Denis (93)

du 9 > 12 avril Théâtre de Dijon-Bourgogne
le 16 avril Théâtre de l’Agora, Scène nationale d’Evry et de l’Essonne

du 9 > 19 mai Théâtre Paris-Villette
le 28 mai Le Liberté, Scène Nationale de Toulon

le 3 juin Théâtres de la Ville de Luxembourg
le 6 et 7 juin Théâtre National de Strasbourg

et enfin : juillet 2019 à la Manufacture d’Avignon

Ibsen au féminin !


Critique d’Une maison de poupée d’après Ibsen, mise en scène et adaptation de Lorraine de Sagazan. Avec Lucrèce Carmignac, Romain Cottard, Jeanne Favre, Antonin Meyer Esquerré et Benjamin Tholozan


J’avais tellement entendu parler de cette mise en scène et adaptation, d’Une maison de poupée d’Ibsen par Lorraine de Sagazan, que je l’attendais avec une vive impatience !

Me voilà donc dans la salle du Monfort ou plus précisément sur la scène. En effet, le dispositif tri-frontal, nous propulse dans l’intimité de Nora et de Torvald. Nous sommes dans leur salon !

Le spectacle commence dès notre entrée dans la salle : Nora (Jeanne Favre) est assise sur une chaise, Torvald (Romain Cottard) joue de la guitare électrique et Rank (Benjamin Tholozan) prépare le repas de Noël.

Jeanne Favre commence à parler. Est-ce bien Nora qui s’exprime ou entend-on une voix qui serait celle de l’équipe artistique ?

Quoi qu’il en soit, cette voix nous décrit un idéal féminin d’un temps qui n’a jamais existé. Un temps où la femme devait être intelligente, mais moins qu’un homme. Un temps où elle devait travailler sans pour autant négliger les tâches ménagères. Bref, le cliché de la femme des années 20/30 auquel viendrait se juxtaposer l’exigence de l’épanouissement, de la même manière qu’un homme,dans une vie professionnelle.

Bien que ce soit une libre adaptation de la pièce d’Ibsen, cette dernière n’est pas oubliée . En effet, au début de la représentation une liste des personnages est lue, ainsi que la didascalie initiale. Les comédiens commencent le livre en main, puis s’en détachent et construisent leur histoire à partir de celle d’Ibsen.

A travers son adaptation, Lorraine de Sagazan questionne notre société, la place qu’y tient la femme ainsi que le rapport au couple. Elle propose une inversion de rôles : ce n’est plus Torvald qui est directeur de banque mais Nora. Torvald semble bien vivre le fait de rester à la maison tandis que sa femme travaille. En effet lorsque Christine surprise lui dit « Toi tu ne fais rien et Nora travaille ?! », celui-ci répond « Je ne sais pas ce qu’elles ont toutes à vouloir travailler. Maintenant moi je préfère dormir »!  La pièce d’Ibsen avait fait scandale car Nora quittait son époux. Mais aujourd’hui cela n’a rien de scandaleux !

Lorraine de Sagazan nous propose donc, et pour notre plus grand plaisir, une version revivifiante de l’œuvre d’Ibsen qui nous met le plus possible, nous public de 2018, dans la position dans laquelle pouvaient être les spectateurs de l’époque d’Ibsen (la pièce a été créée en 1879)


Informations Pratiques : 

Le Monfort 
106 RUE BRANCION
75015 PARIS

Jusqu’au 8 octobre à 20h30 (Jonathan Cohen jouera le rôle de Torvald à la place de Romain Cottard pour la représentation du mercredi 3 octobre.)

« Des mots, des mots, des mots » … pas d’émotion

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Critique de Ces mots pour sépulture mise en scène et adaptation de Charlotte Jarrix. Avec Benjamin Airault, Titouan Bodin, Côme Burghgraeve, Nicolas Delahaye, Tristan Montandreau, Tom Sage Comédienne : Rosalie Airault, Charlotte Jarrix, Marie-Auriane Ormazabal, Amélie Rochard.


Un récit authentique, l’histoire d’une absolue tragédie à travers celle d’un survivant juif polonais, Benjamin Orelstein, à l’incroyable destin. L’innommable, dit-on souvent, pour évoquer cette période où régnait la barbarie. Mais, précisément, comment représenter lorsque rien ne saurait décrire l’horreur ? Peut-on éviter de travestir la terrible réalité ? La simple traduction des mots d’Orelstein, à la lecture bouleversante, sur une scène où victimes et bourreaux empruntent évidemment les traits banals de notre humanité, détruit ce qui était recherché : le sentiment de l’horreur.

Les comédiens, aussi désireux soient-ils de servir une cause, celle de la survie mémorielle, ne peuvent échapper à l’inéluctable, le naufrage de l’émotion. Triste résultat qui confirme, si besoin était, le jugement de Claude Lanzmann sur l’impossible mise en scène de la Shoah.

Un mot encore : bien que la responsabilité de la troupe ne soit probablement pas engagée, l’idée selon laquelle la destruction des Juifs d’Europe aboutit à l’indépendance d’Israël donne un sens à ce qui en est totalement dépourvu et, d’une certaine façon, en atténue la portée.

Une mine d’or ! 

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Critique de Germinal d’après Emile Zola adaptation et mise en scène par le Théâtre du Kronope. Avec Loïc Beauché, Pascal Jaumier, Anaîs Richetta, Yves Sauton et Jérôme Simon.


Dès notre entrée en salle, nous sommes plongé-es dans la musique des mines.

C’est un sacré défi que d’adapter ce roman fleuve d’Emile Zola. En effet, il faut préserver la force de son texte, tout en proposant une adaptation que puisse résister à l’épreuve du plateau. On peut dire que cela fonctionne à merveille dans cette adaptation du Théâtre du Kronope.

La réalité des mines est recréée par un univers sonore et visuel particulièrement étonnant. L’enfer qu’était la vie dans les mines ainsi que la cruauté des exploiteurs sont parfaitement représentés. La violence n’est pas ici montrée de manière réaliste mais symboliquement dans une beauté scénique qui ne saurait laisser indifférent.

Ils sont cinq comédiens pour une cinquantaine de rôles. Avec ce spectacle, la compagnie réalise  une magnifique chorégraphie des corps et des lumières. Ils sont à la fois mineurs et propriétaires, exploités et exploiteurs. Tous les personnages ont des masques qui représentent leurs catégories sociales, à l’exception des cinq personnages principaux : Etienne, Catherine, Madame et Monsieur Maheu ainsi que Chaval.

Ce texte est encore criant de vérité : « Les gros s’engraissent sur le cadavre des petits ». En peignant la société de Zola, le Théâtre du Kronope dépeint également (malheureusement) également la nôtre.

Un très beau moment qui permet de découvrir ou redécouvrir cette œuvre majeure de la littérature française.


Informations Pratiques : 

Fabrik’Théâtre
10 route de Lyon/ Impasse Favot
84000 Avignon

du 5 au 28 juillet à 20h30 relâche les mercredis 11, 18 & 2

Le petit chaperon au grand coeur

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Critique du Petit chaperon louche par la Compagnie Premier Acte dans une mise en scène de Sarkis Tcheumlekdjian avec Serge Ayala, Mégane Cottin, Claude Leprêtre.

La Compagnie  Premier Acte revisite et réactualise le conte de Perrault. Un loup immigré du pays des Loups rencontre le petit chaperon rouge avec qui il se lie d’amitié. On ne peut évidemment pas ignorer le contexte relatif à immigration dans lequel nous vivons, surtout quand nous entendons cette phrase :

« Ma mère est morte là-bas, au pays des Loups. Et mon père est en prison, pour avoir volé un oeuf, un jour où j’avais trop faim. Depuis, je suis un loup sans parents et sans papiers. »

Le petit chaperon ne comprend pas comment un loup comme lui peut être aussi gentil, puisque sa mère et sa mère-grand lui ont toujours dit de se méfier des loups, lesquels ne cherchaient qu’à faire le mal autour d’eux. A cause des préjugés que les Hommes ont sur lui, il est rejeté par tout le monde. Ce qui peut être une des causes de sa cruauté. Pourtant son humanité prend le dessus sur les instincts de vengeance, car la mère-grand est la raison pour laquelle son père est emprisonné (il lui avait volé un oeuf).

Les comédiens jouent avec des masques. Sous nos masques et nos apparences, tous divers, tous semblables.

C’est un spectacle plein d’émotion. Une belle leçon d’humanité.


Informations Pratiques :

Tournée après Avignon : 

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Un Faust diaboliquement génial

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Crédit Photo : © Meghann Stanley

Critique de Faust, Le voyage immobile d’après Goethe dans une adaptation et mise en scène de Gaële Boghossian. Avec le collectif 8 : Paulo Correia, Fabien Grenon et Mélissa Prat et Clément Althaus pour la création musicale et l’interprétation en direct.


Comment parler de ce Faust sans avoir peur de trop en dévoiler ?

Le collectif 8 s’empare de l’œuvre de Goethe pour nous livrer un spectacle haut en couleurs. Le collectif maitrise l’utilisation des arts numériques comme personne. Elle permet une immersion complète dans l’univers proposé par Gaële Boghossian.

Il s’agit d’une adaptation de l’œuvre de l’auteur allemand. En effet, la metteure en scène nous offre un Faust qui résonne avec notre monde actuel. Il s’agit pour elle grâce à cette création de raconter notre monde, de questionner la limite entre le bien et le mal. A travers ce Faust, elle nous offre une sorte d’ «opéra endiablé », avec des comédiens  démoniaques qui dégagent une énergie folle (surtout à 10h15 du matin).

Ici, Faust ne vend pas son âme au diable mais décide au contraire de parier avec Méphistophélès : « Si jamais dans un élan de plaisir tu me vois supplier le temps de suspendre sa course, alors tu pourras m’enchaîner, me traîner dans l’abîme, alors que la cloche des morts sonne, que l’horloge se fige, que l’aiguille tombe, que le temps s’arrête à tout jamais pour moi. »

Mais Faust ne demandera jamais l’arrêt du temps et cohabitera donc avec le diable à son service sa vie durant. Ce dernier l’initiera au capitalisme. Il prendra le pouvoir et inventera le papier monnaie comme solution à tous les problèmes… L’Empire basculera donc vers le totalitarisme et la guerre. La vidéo, ici, n’est pas sans évoquer l’univers de Big Brother dans 1984 de Georges Orwell.

Le spectacle nous enchante par sa musique hypnotisante. Nous sommes envoûtés par des images grandioses. Le tout donne une représentation d’une inoubliable brutalité. Un collectif à suivre de très près !


Informations Pratiques :

11• Gilgamesh Belleville
11 boulevard Raspail
84 000 Avignon

6 – 27 JUILLET À 10H15 Relâches les 11 et 18 juillet

Un Cyrano tombé de la lune

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Crédit Photo : ©Guy Labadens

Critique de Caché dans son buisson de lavande, Cyrano sentait bon la lessive d’après Edmond Rostand, Taï-Marc Le Thanh et Rebecca Dautremer dans une mise en scène de Hervé Estebeteguy avec en alternance Sophie Kastelnik, Mélanie Vinolo, Viviana Souza, Mélanie Tanneau et Diane Lefebure.

Caché dans son buisson de lavande, Cyrano sentait bon la lessive. « Admiratif : « pour un parfumeur, quelle enseigne ! » « Si le titre ne vous attire pas, ne vous arrêtez pas là ! Trois comédiennes sur scène nous racontent la tragique histoire de Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand. Elles sont à la fois narratrices et personnages. Le passage entre les deux est très bien ficelé. Ce qui est une très belle manière de découvrir ou de redécouvrir cette œuvre. Pour celles et ceux qui en sont, comme moi, des inconditionnels, allez-y, tout en sachant que vous n’entendrez quasiment pas le texte de Rostand. Profitez dès lors de cette proposition très intéressante de la compagnie. En effet, elles parviennent à nous plonger dans un univers tout particulier qui se trouve entre la pièce de Rostand, bien sure, et l’album de Rebecca Dautremer. On peut également mentionner qu’elles portent de magnifiques masques pour donner vie à Cyrano, à Christian, à Roxane et à De Guiche.

Voilà ce qu’à peu près, je peux vous dire

Elles sont pleines d’esprit

Et de lettres

Elles en ont trois qui forment le mot : bot (beau) !

Elles ont eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut

Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,

Nous servir toutes sortes de folles plaisanteries.


Informations Pratiques:

10, rue Rempart Saint Lazare – 84000 Avignon

Du 6 au 29 juillet 2018 à 20h40, relâche les 10, 17, 24 juillet

Un songe harmonieux

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Critique de Un Songe d’une nuit d’été d’après Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare et The Fairy Queen de Purcell. Avec 10 interprètes, en alternance : Laetitia Ayrès, Stéphanie Bargues, Ariane Brousse, Jules Dousset, Francisco Gil, Ivan Herbez, Grégory Juppin, Clotilde Lacroix, Orianne Moretti, Alice Picaud, Damien Pouvreau, Marie Salvat, Clément Séjourné, Maxime de Toledo, Henri de Vasselot


Antoine Herbez nous propose un Songe d’une nuit d’été rempli d’une féérie que je n’avais pas rencontrée depuis fort longtemps dans cette œuvre de Shakespeare. On peut souligner dès à présent qu’il s’agit d’une libre adaptation mêlant Purcell, The Fairy Queen, et Shakespeare.

Les comédiens sont à la fois chanteurs et musiciens. Ils déploient tous leur art sur le plateau pour notre plus grand plaisir.

On peut être au premier abord réservé devant l’absence des personnages des comédiens, mais on se rend compte qu’en définitive il est possible de se passer de cette intrigue. Le bénéfice ici est de resserrer l’action sur les deux couples Lysandre/Hermia et Démétrius /Héléna, ainsi que sur la reine des fées accompagnée de Puck, d’Oberon et de ses 3 suivantes.

De plus, l’absence des comédiens nous autorise à mieux percevoir l’excellence des musiciens. La musique de Purcell est en effet extrêmement bien intégrée aux différents épisodes de l’œuvre du dramaturge anglais. C’est un tel plaisir d’entendre de si belles pièces musicales que l’on aimerait que cela dure plus encore.

Je vous laisse découvrir qui prendra la tête d’âne et comment cela sera représenté !

Comme nous dit Puck, ils n’ont cherché qu’à nous plaire et cela a bel et bien réussi. Un très grand bravo.

Si vous êtes avec des enfants, allez voir également Peau d’âne à la Luna.


Chapelle des Templiers

Entrée rue Félix-Gras

Du 6 au 29 juillet,Relâche 18 juillet

Un double plaisir

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Crédit photo : © Ben Dumas

Critique du Double dans une mise en scène de Ronan Rivière avec le collectif La Voix des Plumes. Avec Ronan Rivière, Jérôme Rodriguez, Michaël Giorno-Cohen, Jean-Benoît Terral, Laura Chetrit, Antoine Prud’homme de la Boussinière, et au piano : Olivier Mazal.


Après avoir découvert le collectif La Voix des Plumes lors du festival d’Avignon 2017 avec Le roman de Mr Molièrej’étais très curieuse de voir leur nouvelle création, une fois de plus un petit bijou.

Quelle histoire inquiétante et angoissante que celle de Jacob Pétrovitch Goliadkine (Ronan Rivière) qui se retrouve nez à nez avec son double (Antoine Prud’homme de la Boussinière). Celui ci porte le même nom, emménage dans le même appartement. De surcroît, il gagne le cœur de Clara dont le premier Jacob Pétrovitch Goliadkine est amoureux depuis longtemps. Pour ajouter au trouble, ils sont habillés de la même manière et font au début les mêmes gestes au même moment, tels des musiciens dans un orchestre.

En parlant de musique, comme pour leurs précédents spectacles, ils sont accompagnés par un pianiste en direct, rendant ainsi hommage au ciné-concert. La musique live nous plonge complètement dans l’univers presque onirique des pièces de ce collectif. Les comédiens sont comme dans un tableau d’Edward Hopper. En effet, la scénographie évoque sans aucun doute l’univers du peintre anglais, tant dans les couleurs que dans les formes.

Encore un spectacle à ne pas manquer !


Informations Pratiques :

Théâtre des 3 soleils
4 rue Buffon
84000 Avignon

du 6 au 29 juillet à 19h sauf les lundis 9, 16 et 23

REPRISE A PARIS :

Du 22 novembre au 29 décembre 2018 au Théâtre 14. Du mardi au vendredi à 19h, samedi à 20h30. Relâches exceptionnelles les 23 novembre et 25 décembre.