François Cervantes, seul en scène pendant près d’une heure, nous offre un texte poignant inspiré de lettres qu’il a échangées avec Erik Ferdinand, un prisonnier, durant deux années

Il reste pendant toute la durée du spectacle quasiment immobile au centre d’un plateau à peine éclairé.

Nous pouvons deviner au fil de la pièce (quand nos yeux commencent à s’habituer à l’obscurité) certains éléments de la scénographie. Par exemple, une table, côté cour. Cette table est aussi bien la table d’Erik que celle de F.Cervantes.

Ce témoignage d’une correspondance peu ordinaire dénonce l’inhumanité de ce que vivent les prisonniers.

On ne peut pas ressortir de ce spectacle sans être bouleversé et sans se dire qu’il devrait y avoir tellement d’autres alternatives à la prison, laquelle ne peut pas être la solution à tous les problèmes.

On apprend à connaître Erik. Il devient presque quelqu’un de familier, à tel point que nous avons l’impression de l’avoir réellement rencontré.

On découvre qu’il a passé un an en isolement. La scénographie vient alors prendre tout son sens. En effet, l’obscurité et les jeux de lumières subtils nous donnent l’impression qu’il est seul, enfermé devant la foule de spectateurs que nous sommes. On ressent vraiment cette sensation d’enfermement, d’isolement. C’est probablement ce que ressentent les prisonniers à qui la parole est retirée, que  personne n’écoute. Ils sont soumis à un silence forcé.

Le spectacle peut se découper en deux parties. Dans la première, François Cervantes nous parle de lui, de ses rencontres, et évoque Erik à la troisième personne. Puis, dans la seconde, il donne réellement la parole au prisonnier et nous parle comme si Erik nous parlait. Mais ce sont les mots de Cervantes que nous entendons. Il nous livre ce qui l’avait touché dans les lettres d’Erik. Il n’essaie pas d’être Erik. Il reste lui-même. Deux paroles se mêlent donc.

La parole que donne François Cervantes  à un prisonnier est entendue par le monde extérieur et même par des prisonniers puisque le spectacle est joué en prison. En revanche, nous a confié l’auteur-comédien, le spectacle provoque un grand silence du côté de l’administration des prisons.

J’aimerais terminer sur ces mots : « Qu’il écrive ce texte et qu’il me mette dedans. Ce sera l’histoire d’un homme qui s’est évadé dans un texte ».

Un très beau spectacle, humble et profond.


A voir jusqu’au 4 février à la Maison des Métallos.

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