Une mine d’or ! 

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Critique de Germinal d’après Emile Zola adaptation et mise en scène par le Théâtre du Kronope. Avec Loïc Beauché, Pascal Jaumier, Anaîs Richetta, Yves Sauton et Jérôme Simon.


Dès notre entrée en salle, nous sommes plongé-es dans la musique des mines.

C’est un sacré défi que d’adapter ce roman fleuve d’Emile Zola. En effet, il faut préserver la force de son texte, tout en proposant une adaptation que puisse résister à l’épreuve du plateau. On peut dire que cela fonctionne à merveille dans cette adaptation du Théâtre du Kronope.

La réalité des mines est recréée par un univers sonore et visuel particulièrement étonnant. L’enfer qu’était la vie dans les mines ainsi que la cruauté des exploiteurs sont parfaitement représentés. La violence n’est pas ici montrée de manière réaliste mais symboliquement dans une beauté scénique qui ne saurait laisser indifférent.

Ils sont cinq comédiens pour une cinquantaine de rôles. Avec ce spectacle, la compagnie réalise  une magnifique chorégraphie des corps et des lumières. Ils sont à la fois mineurs et propriétaires, exploités et exploiteurs. Tous les personnages ont des masques qui représentent leurs catégories sociales, à l’exception des cinq personnages principaux : Etienne, Catherine, Madame et Monsieur Maheu ainsi que Chaval.

Ce texte est encore criant de vérité : « Les gros s’engraissent sur le cadavre des petits ». En peignant la société de Zola, le Théâtre du Kronope dépeint également (malheureusement) également la nôtre.

Un très beau moment qui permet de découvrir ou redécouvrir cette œuvre majeure de la littérature française.


Informations Pratiques : 

Fabrik’Théâtre
10 route de Lyon/ Impasse Favot
84000 Avignon

du 5 au 28 juillet à 20h30 relâche les mercredis 11, 18 & 2

Un coup de Maître !

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Crédit Photos : Lena Roche


 

Critique du Maitre et Marguerite dans une mise en scène et adaptation de Igor Mendjisky, d’après le roman de Boulgakov au théâtre de la Tempête. Avec Marc Arnaud (en alternance avec Adrien Melin), Romain Cottard, Igor Mendjisky, Pauline Murris, Alexandre Soulié, Esther Van den Driessche ( en alternance avec Marion Déjardin), Yuriy Zavalnyouk et Pierre Hiessler.

Quel défi que d’adapter le roman de Mikhail Boulgakov en moins de 2h au théâtre. En effet, lorsque j’ai appris qu’Igor Mendjisky allait l’entreprendre, j’ai été immédiatement curieuse de savoir comment les 600 pages pouvaient passer l’épreuve du plateau. Autant le dire immédiatement, le défi a largement été relevé !! La fidélité au texte est manifeste (on reconnaît des passages entiers, mot à mot) et les derniers mots de Boulgakov sont projetés. 

C’est grâce à la scénographie, ingénieuse, laquelle vit avec le spectacle, que l’on restitue les différents niveaux du texte. Dès lors, les objets ne sortent pas de scène. Ils restent et s’entassent. Le plateau porte la marque du passé, de ce qui a eu lieu et que l’on ne peut oublier. Il devient une sorte de palimpseste où les différents univers s’entremêlent et ne deviennent qu’un. Les histoires, les lieux, les époques et les langues : outre le français, on entend le russe et l’hébreu (langue supposée parlée par le Christ). Seul le théâtre permet ça ! Mais seule  une bonne mise en scène permet que l’on parvienne à y croire. Ce spectacle remplit assurément ces conditions. Par ailleurs, le dispositif tri-frontal nous plonge dans la folie du roman, dans celle des personnages. Ce dispositif facilite, en outre, l’adresse publique. Dès notre entrée, Ivan (Igor Mendjisky) est là. Il nous attend pour nous raconter son histoire, celle du Maitre (Marc Arnaud) et de Marguerite (Esther Van den Driessche) ainsi que celle de Pilate (Pierre Hiessler).

Lorsque l’on adapte un roman à la scène, en particulier comme celui-ci, la question, selon moi, la plus importante est celle de la narration. En début de saison, j’avais pu  voir comment Simon McBurney l’affrontait, avec brio, dans La pitié dangereuse de Zweig. J’ai vu aujourd’hui une autre manière de faire tout aussi passionnante. Les comédiens incarnent les personnages, parfois plusieurs.

Une très grande part de la réussite de  cette adaptation  du roman fleuve de Boulgakov tient précisément à la façon dont Igor Mendjisky a travaillé le passage de la narration à l’action. Nous sommes ainsi plongés dans l’histoire du Maitre et Marguerite, et tout semble aller de soi.

Il s’agit d’une adaptation riche en couleurs, dans laquelle les  comédiens, vraiment excellents, chantent, dansent … Courez à La Tempête, avant le 10 juin ! Ceux qui ne pourront suivre mon conseil doivent savoir que le spectacle sera repris à Avignon dans le prochain OFF  au 11 • Gilgamesh Belleville. A n’en pas douter,  il sera l’un des coups de coeur de ce festival !


Informations Pratiques :

Cartoucherie – Théâtre de la Tempête 
Route du Champ de Manœuvre
75012 Paris

du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h

Puis reprise au 11 • Gilgamesh Belleville à 19H40 du 6 au 27 juillet sauf les 11 et 18 juillet.

11 boulevard Raspail (près du cloître St Louis)
84 000 Avignon

1984, Big Brother vous regarde, une adaptation du roman de George Orwell par Alan Lyddiard dans une mise en scène de Sébastien Jeannerot. Au théâtre de Ménilmontant

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Après être allée, à 18h, le 19 décembre, à la Coupole de la Comédie Française écouter, avec grand plaisir, Jennifer Decker lire La ferme des animaux de George Orwell, une heureuse coïncidence m’a conduite, à 21h, au Théâtre de Ménilmontant pour 1984, une adaptation de Alan Lyddiard mis en scène par Sébastien Jeannerot. Soirée Orwell, par conséquent.

Dans La ferme des animaux, George Orwell décrit comment les animaux prennent possession de la ferme et chassent M. Jones leur maitre. Puis comment progressivement les cochons (et les chiens) prennent le pouvoir et deviennent « plus égaux que d’autres », jusqu’à ce que l’on ne puisse plus faire la différence entre cochons et humains pas tout à fait humains.

Dans 1984, il décrit une société uniformisée sous « l’ère de Big Brother » où l’humain n’existe pas, où le simple fait de penser est un crime.

Sur scène, les comédiens sont tous habillés à l’identique, sauf O’Brien qui se distingue des autres. Il est là pour vider chaque citoyen de son individualité et pour les remplir à sa guise afin de leur inculquer une nouvelle vérité, celle dictée par Big Brother. Il doit pouvoir leur faire croire que 2+2=5, et le jour où il y parviendra il aura gagné.
Mais Winston, le personnage principal, résiste à toutes les tortures que O’Brien peut lui infliger. Winston déclare que « l’humanité le vaincra ». Il résiste jusqu’au moment où O’Brien, qui connait sa seule faille, la phobie des rats, décide de l’utiliser. C’est cette peur des rats qui fait capituler Winston et lui faire déclarer qu’il aime Big Brother.

Sébastien Jeannerot met en scène le roman d’Orwell en chef d’orchestre. Il mêle ainsi la musique, envahissante qui nous plonge dans un univers parfois insoutenable mais nécessaire, et la vidéo, dont la place est importante. Lorsque j’ai vu la présence de cette dernière sur des photos je me suis pourtant dit : « Encore un spectacle qui ne sait pas quoi faire sur le plateau, alors un peu de vidéo… » Et bien, non, j’ai été agréablement surprise. C’est une des premières fois où je vois une utilisation aussi intelligente de la vidéo. Elle devient un partenaire de scène pour les comédiens. Elle permet de montrer des choses que la scène ne permet pas de montrer,  tout en travaillant le lien de cohérence entre la scène et l’écran. On n’a absolument pas l’impression d’une alternance vidéo/scène, comme on peut le voir souvent ces derniers temps .. Voici un excellent spectacle qui clôt mon année 2017 en remettant en question mes préjugés sur les liens entre théâtre et vidéo.

Ce spectacle est d’autant plus nécessaire aujourd’hui qui l’administration américaine « a décidé d’interdire l’usage de certains mots, tels « fœtus », « transgenre », « diversité » ou encore « fondé sur la science » dans les documents officiels des agences fédérales de santé ». Ce qui n’est évidemment pas sans rappeler le concept de novlangue formulé par George Orwell dans 1984, concept qui vise donc à appauvrir la langue.

Je ne peux que conseiller ce spectacle et inciter, comme Sébastien Jeannerot (qui joue Winston et met en scène) à la fin du spectacle, à lire le roman …

La Pitié Dangereuse au Gémeaux à Sceaux. Mise en scène de Simon McBurney

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A la lecture du roman cet été, je me demandais comment Simon McBurney pourrait adapter ce roman à la scène. En effet, l’importante part de narration du roman pose une vraie question au plateau. J’ai trouvé réponse à ma question dès les premiers instants du spectacle. Tous les personnages entrent en même temps sur scène, ils sont tous à la fois narrateurs et personnage(s).

Christoph Gawenda qui joue le lieutenant Anton Hofmiller plus âgé commence à raconter son histoire. Le roman est présent physiquement sur scène. Les mots que nous entendons sont principalement ceux de Stephan Zweig : « Toute l’affaire commence par une maladresse commise en toute innocence, une « gaffe », comme disent les Français », entend-on sur scène comme on le lit dans le livre.

Sur le plateau nous pouvons voir une vitrine en verre dans laquelle entre le comédien Laurenz Laufenberg, qui, lui, jouera Hofmiller jeune. Dans cette sorte de boîte il se transforme, il devient sous nos yeux Hofmiller. Les scènes sont comme des images, des souvenirsqui s’animent dans la mémoire de l’Hofmiller d’aujourd’hui. Pendant que celui-ci parle, les autres comédiens, qui ne sont pas encore dans la peau d’un personnage, sont assis et l’écoutent. Il semble avoir besoin de raconter son histoire avec les Kekesfalva et en particulier avec Edith. Cette dernière l’aime mais lui n’éprouve que de la pitié pour elle. Une pitié qui deviendra dangereuse tant pour le lieutenant que pour la jeune fille. Hofmiller pense avoir un devoir envers cette famille ce qui le plonge dans une angoisse et une peur de ne pas remplir ce devoir qui le ronge et le torture. Plus le spectacle avance, plus cette angoisse est croissante. Des arrêts sur images, des voix qui se mélangent, des sons indistincts, des répétitions de phrases, de mots l’accentuent, et la font ressentir au spectateur. Simon McBurney parvient à faire ressentir des angoisses, de façon comparable à celle que nous avons pu éprouver à la lecture du roman.

Les personnages sur scène sont le produit du souvenir d’Hofmiller. Celui-ci semble trouble à certains moments. En effet, nous pouvons évoquer en particulier certaines scènes  avec Edith, dans lesquelles elle semble démultipliée puisque la comédienne Marie Burchard prête corps à la jeune fille paralysée, tandis que Eva Meckbach, elle, lui prête sa voix. Nous pouvons donc interpréter cela comme une confusion dans des souvenirs lointains qui ne sont plus très clairs.

Un soir, Condor, le médecin d’Edith est raccompagné par Hofmiller jusqu’à son train. Ils décident de s’arrêter dans un bar où Condor raconte au lieutenant le passé de Kekesfalva, le père d’Edith. Pour cette scène, qui évoque des personnages d’un autre passé, la vitrine, utilisée au début pour la métamorphose du comédien Laurenz Laufenberg, l’est à nouveau pour donner vie à ces personnages.

A la suite de ce flash-back, nous assistons à l’une des scènes les plus fortes, les plus intenses du spectacle (comme du livre). Il s’agit de celle où Hofmiller dit au père d’Edith (joué par Robert Beyer, que nous retrouvons après l’avoir vu jouer Polonius pour Ostermeier en janvier dernier dans cette même salle) que, grâce à un (possible) nouveau traitement, Edith sera capable de marcher seule en très peu de temps. Or, cette information ne repose que sur une lecture du docteur Condor (ce dernier lui avait d’ailleurs recommandé de ne rien dire pour le moment). À ce moment là, Hofmiller commet le mensonge suprême, celui d’où l’on ne revient pas : il ne peut désormais plus revenir en arrière. La scène dure environ une minute mais elle semble beaucoup plus longue. Il faut noter que Simon McBurney a choisi de mettre ici des effets stroboscopiques. Ces lumières jointes au contexte ont provoqué une très forteémotion  chez moi. Ne parlant pas l’allemand, je n’ai gardé aucun mot en mémoire mais en revanche des sons ont perduré pendant plusieurs heures après le spectacle…

Le metteur en scène anglais (qui dirige d’ailleurs pour la première fois une troupe allemande), fait percevoir l’emprise d’Edith sur Hofmiller dans une scène très très rapide. Dans celle-ci, qui se situe vers la fin du spectacle, il doit dresser un cheval qui n’est absolument pas docile. A ce moment, Edith, ou plutôt une sorte de fantôme, est là sur son dos. Il est comme emprisonné. Il parvient à venir à bout du cheval mais Edith le hante toujours. Nous comprenons qu’il ne se débarrassera jamais d’elle, elle sera toujours quelque part dans son esprit.

Le spectacle se clôt alors que le Hofmiller d’aujourd’hui est le seul à être dans la lumière. Les autres sont là mais dans l’ombre, on ne peut plus les distinguer mais ils sont prêts à resurgir.

De même que le spectacle avait commencé avec les mots de Zweig, il se termine aussi avec ceux de l’auteur autrichien :

« Aucune faute n’est oubliée tant que la conscience s’en souvient »

Les Misérables d’après Victor Hugo. Mise en scène et Adaptation Manon Montel

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               Monter Les Misérables, d’après le roman de Victor Hugo qui compte 1800 pages, en 1h20, représente pour Manon Montel un véritable pari. Mais un pari réussi !!

Tout d’abord, par le choix intéressant, et peu commun, de choisir une narratrice et, de surcroît, arrêter son choix sur Mme Thérnardier, jouée par Claire Faurot. Cette dernière apporte également une touche de gaité, à cette histoire tragique, en offrant , à l’accordéon, des intermèdes musicaux.

Un autre choix intéressant, celui de faire jouer Fantine et Gavroche par la même comédienne, en l’occurrence la metteuse en scène, Manon Montel. Ces deux personnages qui peuvent paraître au premier abord très différents ne le sont en réalité pas tant que ça. Ils se battent tous deux pour survivre dans un monde qui n’est pas fait pour eux. Au fond, Fantine aurait très bien pu se révolter contre cette société oppressive, mais elle devait envoyer de l’argent aux Thénardier pour qu’ils s’occupent bien de sa fille, Cosette. Elle devait donc rester soumise …

Par ailleurs, la mise en scène rend le texte de Victor Hugo accessible à un jeune public, tout en glissant des références que ces jeunes spectateurs ne remarqueront probablement pas. On peut penser en particulier à la scène dans l’usine de Jean Valjean, qui vit sous le nom de M. Madeleine, où Fantine travaille entourée de deux autres ouvriers. Cette scène fait penser aux Temps Modernes de Charlie Chaplin. En effet, nous pouvons voir des projections d’engrenages ainsi que les ouvriers travailler sans relâche à faire le même geste encore et encore. Un travail important a été réalisé sur les éclairages, qui servent pour passer d’une époque à une autre, de la narration à l’action, etc.

Ce texte de Victor Hugo trouve toujours écho aujourd’hui dans notre société, société où trop d’inégalités perdurent encore, et qui reste dominée par une minorité soucieuse de conserver ses privilèges. D’ailleurs d’avoir fait le choix de nous narrer la misère confronte le spectateur à une réalité qui le touche plus aisément. La narratrice, qui nous dit être Mme Thérnardier, peut être considérée comme un fantôme puisqu’elle nous dit à plusieurs reprises qu’elle est morte. Mais même si elle n’est qu’un fantôme, elle nous hante toujours avec son histoire, celle de Fantine, de Jean Valjean et Javert, celle de Cosette et Marius, sans oublier Gavroche …


Reprise au Théâtre La Condition des soies au festival d’Avignon à 12h45 du 5 au 29 juillet, relâche les mardis 10, 17 et 24

Venise n’est pas en Italie Texte et mise en scène Ivan Calbérac

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Seul en scène, Thomas Solivérès, joue donc tous les rôles. Il crée un tic par personnage, ce qui nous permet de savoir tout de suite lequel parle. De la  même façon, le metteur en scène arrive à nous faire voyager d’endroit en endroit avec seulement un objet qui symbolise l’endroit où le personnage se trouve.

Ivan Calbérac raconte l’histoire d’Emile, 15 ans, qui est amoureux de Pauline. Cette dernière l’invite à Venise pour l’écouter jouer du violon. Emile décide donc de partir à Venise. Les parents de Pauline n’approuvent pas que leur fille fréquente le garçon en raison de leur différence de milieu social. Ils décident donc de partir à Londres. Emile ne perd pas espoir et va tout faire pour la retrouver … On aurait aimé sur la fin du spectacle entendre la chanson de Serge Reggiani Venise n’est pas en Italie, qui aurait très bien fonctionné ici ! Mais ce n’aurait été qu’un petit plus.

 

Le Roman de Monsieur Molière D’après le roman de Boulgakov dans une mise en scène de Ronan Rivière

 

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C’est la deuxième mise en scène du texte de Boulgakov que je vois pendant ce festival d’Avignon. Nous pouvons distinguer différents niveaux de jeu dans celle-ci. Tout d’abord, un niveau de narration sur la vie de Molière ainsi qu’un discours sur les pièces du dramaturge français. Ensuite, une autre niveau constitué de dialogues entre Molière et un autre personnage. Enfin, des extraits de ses oeuvres et de Corneille, qu’il a beaucoup joué et admiré.

Nous pouvons également mentionner les interludes musicaux qui permettent aux deux comédiens de changer le décor. Ce dernier, très simple, est magnifique ! Les comédiens se servent habilement de chaque élément de cette scénographie. Ronan Rivière, excellent interprète et metteur en scène, a choisi une charrette qui peut se démonter et se transformer en tréteau sur lequel les comédiens de l’Illustre Théâtre se produisent. Il a également adapté le roman de Boulgakov en 1h15 alors que F. Castorf lui le monte en 6h45, avec un immense décor, sans grand intérêt ! Comme quoi nul besoin de gigantisme, ni d’un énorme budget pour faire un très bon spectacle où l’on ne s’ennuie pas une seule seconde et qui donne envie de lire le roman de Boulgakov, à la différence de l’adaptation de Frank Castorf.

Ce spectacle est repris au théâtre du Ranelagh pour la saison 2017-2018

 

 

Ma Comédie-Française D’après le roman de Jean-Marie Galey Mise en scène de Teresa Ovidio

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Jean-Marie Galey a été pensionnaire du Français dans les années 2000. Il nous raconte son expérience malheureuse au sein de cette troupe. Le spectacle commence : il est au cinéma. Le comédien bouge au rythme d’un vieux film, les images sautent un peu. Puis, il se retrouve dans un bus qui l’emmène à la Comédie-Française.

Il a donné pour nom à son personnage, Ferdinand. Ce n’est pas sans rappeler le célèbre personnage de Philippe Caubère, lequel raconte dans ses spectacles son aventure au Théâtre du Soleil. On peut remarquer un deuxième hommage au comédien avec l’éventail que le Ferdinand de Jean-Marie Galey tient à la main. En effet, il est écrit dessus « Molière » dans la calligraphie du film de Mnouchkine dans lequel Philippe Caubère tient le rôle-titre. Enfin, la dernière référence aux spectacles de Caubère est à la fin au moment du salut. Le comédien revisite le salut dansé de Philippe Caubère.

Ce spectacle, très bon, nous tient en haleine. Nous voulons en savoir plus sur cette aventure… Et même si un livre existe, on aimerait voir la suite sur scène.

Le quatrième mur D’après le roman de Sorj Charandon et une mise en scène de Julien Bleitrach

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Julien Bleitrach, co-adapte et co-met en scène, Le quatrième mur, le roman de Sorj Chalandon. Il est seul en scène et endosse donc tous les rôles. Il semble s’adresser à Samuel, son meilleur ami, resté à Paris car mourant. Il lui raconte se qui se passe à Beyrouth, dans l’enfer de la guerre, ainsi que l’avancée des répétitions d’Antigone.

Le récit de Georges est entrecoupé d’extraits audio de l’Antigone d’Anouilh.

Dès le début du spectacle, le comédien accroche des feuilles blanches au mur. Pendant tout le spectacle on peut se demander ce que sont ces feuilles et quelle est leur utilité.

Nous ne le saurons que vers les quinze dernières minutes. Elles sont donc en réalité des feuilles écrites à l’encre invisible. Elles serviront à montrer les horreurs de la guerre. Nous les découvrons, une par une, en même temps que Georges.

Le fait que Georges soit entré avec ces feuilles peut, d’une certaine façon, signifier qu’il ne pouvait pas y avoir d’issue heureuse à ce voyage.

Die Kabale der Scheinheiligen D’après le texte de Mikhaïl Boulgakov mise en scène de Frank Castorf

CxDpisdXgAAgC36.jpgOn entre dans l’immense salle du Parc des Exposions, après un trajet en navette.

La profondeur de scène est tellement importante que lorsque les comédiens se trouvent au fond du plateau on les distingue à peine …

La scénographie est magnifique à première vue, mais malheureusement celle-ci perd de son charme par l’abondance de la vidéo.

Une complicité se crée rapidement avec le public. En effet quelques spectateurs arrivent en retard, un des comédiens leur propose de recommencer le spectacle, depuis le début, en précisant qu’ils sont Allemands et donc commence à l’heure (le spectacle avait bien commencé avec 25 minutes de retard).

On peut distinguer différents niveaux de jeu : un premier niveau dans lequel les comédiens mettent en scène la vie de Molière au premier plan, et au deuxième celle de Boulgakov. Ce premier niveau est joué directement sur le plateau, sans l’intermédiaire de la vidéo. Un deuxième niveau est constitué par des extraits de textes de Molière, Racine et Corneille (entres autres) qui sont joués sur un tréteau. Et enfin un dernier niveau nous montre aussi l’histoire de Molière, mais cette fois par l’intermédiaire de la vidéo.

Cette dernière domine le spectacle et prend le dessus sur le théâtre. On peut le regretter !