Non, c’est pas ça ! (Treplev Variation) Mise en scène et écriture du Collectif Le Grand Cerf Bleu au 104.

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La Mouette, vous connaissez ?

On en a tous vu au moins une mise en scène, une adaptation… Mais ce n’est pas ici une centième adaptation de la pièce de Tchekhov.

A partir du canevas tchekhovien, le collectif Le Grand Cerf Bleu a travaillé librement autour de La Mouette. C’est une « variation », une plongée dans l’univers des personnages de l’auteur russe, comme l’a fait Simon Stone avec Ibsen Huis au festival d’Avignon 2017. Ce n’est pas l’histoire qu’a racontée Tchekhov qui semble intéresser les comédiens-metteurs en scène mais leur état d’esprit. Ce qu’ils vivent, leurs émotions. C’est une traversée au coeur des thématiques abordées par Tchekhov mais sans mettre en scène la pièce. Nous nous trouvons plongés d’une certaine façon dans l’intériorité des personnages. Sur un plateau de théâtre on peut tout dire : on assiste a des règlements de compte familiaux, à la naissance d’un amour, etc. Dans La Mouette, Tchekhov écrit « il n’y a rien de plus important que l’art. » Donc même s’il y a un contretemps, quelque chose qui vient défier la représentation, on continue quand même. C’est ce qu’il se passe dans ses « variations » : les comédiens entrent en disant qu’ils devaient être treize et ne sont plus que trois, mais ce n’est pas grave, ils ont donné un rendez-vous et ils le tiennent.

On ne sait plus qui est sur scène. S’agit-il des personnages : Macha, Medvedenko, Arkadina ou encore Iakov (musicien, domestique chez Tchekhov) ? Ou bien les comédiens Jean-Baptiste Tur, Gabriel Tur, Laureline Le Bris-Cep, Coco Felgeirolles ? Les passages entre le texte de Tchekhov et les « variations » sont effectués l’air de rien. On passe de l’un à l’autre en quelques secondes sans s’en apercevoir !

On se perd dans l’espace dramatique, dans un processus de création comme Treplev dans la pièce de Tchekhov. Ils ont tous une part de Treplev en eux, comme peu d’ailleurs le laisser supposer le sous-titre « Treplev variation ». Le texte de Tchekhov est écrit de manière très chorale, comme une partition de musique. Le Collectif fait intervenir une partition sur le plateau, des instruments sont physiquement présents. C’est Gabriel Tur qui accompagne à la guitare ou au piano.

Ce spectacle est aussi une forme d’hommage au théâtre d’hier et d’aujourd’hui. En effet, en regardant de plus près la feuille de salle, nous pouvons remarquer qu’il y a une distribution de quatorze comédiens dont seulement les quatre présents sur le plateau existent. Les autres sont pour certains tout de même reconnaissables : par exemple Michel Picolo fait référence à Michel Piccoli, Vincent Steinboch à Vincent Steinebach (comédien qui travaille avec Cyril Teste comme Laureline Le Bris-Cep), on peut également citer Richard Matmmut qui est probablement un clin d’oeil au comédien Richard Sammut …

Avec La Mouette, Tchekhov a proposé une réflexion sur le théâtre de son époque. N’est-il donc pas judicieux de monter des variations autour de cette Mouette pour poser des problématiques contemporaines sur le théâtre aujourd’hui ? La réponse est dans la question. Précipitez-vous !

Informations Pratiques : 

Le CENTQUATRE-PARIS
5 rue Curial
75019 Paris

Jusqu’au 14 octobre 2017 à 20h30 dimanche à 17h, relâche le lundi

PUIS EN TOURNEES saison 17-18 :

  • le 24 et 25 novembre dans le cadre du Festival Supernova du Théâtre Sorano (Toulouse)