Les Jumeaux Vénitiens De Goldoni. Mise en scène de Jean-Louis Benoit au Théâtre Hébertot

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Après Les Rustres à la Comédie Française (Vieux-Colombier), Jean-Louis Benoit s’attaque à nouveau à Goldoni, cette fois avec Les Jumeaux Vénitiens.

On retrouve également deux anciens pensionnaires du Français Adrian Gamba-Gontard et Benjamin Jungers avec beaucoup de joie !

Une mise en scène dynamique qui joue avec les illusions et les faux-semblants que permet le théâtre.

Dans l’intérieur de la maison de Rosaura, deux éléments apportent une deuxième couche dans l’illusion et dans les jeux de rôles. En effet, nous pouvons voir tout d’abord un miroir au centre de la scène, les personnages se dédoublent donc tous, et derrière la porte qui conduit à la chambre de la jeune fille nous pouvons remarquer un rideau qui ressemble étrangement à un rideau de théâtre.

Le metteur en scène joue avec les illusions propres au théâtre. Un même comédien peut être conduit à jouer plusieurs rôles, il y a donc un vrai dédoublement : par exemple Adrian Gamba-Gontard joue à la fois un homme qui porte les valises de Zanetto et Lelio, le neveu du docteur. Et bien sûr Maxime D’Aboville interprète les jumeaux. Le personnage d’Olivier Sitruk a différents visages ce que le miroir souligne.

« On se croirait en pleine comédie » dit Zanetto. Ironie du sort c’est par son personnage que la pièce tournera à la tragédie. En effet, Pancrace (Olivier Sitruk) voulant épouser Rosaura la promise de Zanetto décide d’empoisonner celui-ci. Il n’y a donc pas reconnaissance entre les deux frères jumeaux pour que cette pièce de Goldoni puisse réellement être qualifiée de comédie.

Ce spectacle est ancré dans l’histoire. En effet, la scénographie peut rappeler les décors du 18è siècle : toiles manoeuvrables, décors facilement amovibles. Il reste tout de même très contemporain en particulier dans le langage. La pièce a été retraduite par Jean-Louis Benoit (le metteur en scène), ce qui apporte donc un langage de tous les jours comme cela était le cas à l’époque de la création. Les mots doivent être des mots que tout le monde peut comprendre.

Des retrouvailles avec des comédiens, des découvertes…

Un ensemble réussi pour cette pièce noire de Goldoni virevoltante, avec des comédiens admirables !!

Informations Pratiques :

Théâtre Hébertot 
78 bis bld des Batignolles
75017 Paris

Du mardi au samedi à 21h et Samedi 16h30 et dimanche 16h00

 

12 hommes en colère de Reginald Rose. Mise en scène Charles Tordjman au Théâtre Hébertot.

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Je n’ai pas encore vu le film, donc aucun point de comparaison, ou d’accroche.

Le rideau se lève : 12 hommes sont debout et nous regardent sans bouger. Ils sont figés comme sur un arrêt sur image. Ce spectacle mis en scène par Charles Tordjman est comme une chorégraphie, un enchainement de tableaux.

Tout est très stylisé. Le texte très écrit, alors qu’il s’agit normalement d’une discussion. La spontanéité des personnages sur la décision de condamner ou non un gamin de seize ans accusé du meurtre de son père.

La scénographie ne rappelle aucun lieu, aucune époque… C’est un décor intemporel qui pourrait se dérouler n’importe où, à n’importe quelle époque. Tout citoyen pouvant être appelé à devenir juré, cette histoire touche chacun de nous.

La catharsis vise à éveiller chez le spectateur le sens de l’humain. En effet, à travers l’art, l’Homme peut retrouver sa part d’humanité en partie grâce à une expérience cathartique, disait Aristote. On peut dire que ce spectacle a pour fonction de révéler l’humanité, même si, parfois, elle est enfouie sous le poids du ressentiment  et des souvenirs douloureux.

Une histoire magnifique, de bons comédiens, et un ensemble qui tient la route malgré un texte manquant de spontanéité.

 

Informations Pratiques : 

Théâtre Hébertot 
78 bis bld des Batignolles
75017 Paris

Du mardi au dimanche à 19h